Les juifs sont implantés dans le biterrois depuis l’époque romaine, avec des alternances de paix et de persécutions. Mais le Moyen âge classique, au 12e et début du 13e siècle est sans conteste leur âge d’or. A cette époque, Béziers, de son nom hébreu « Beders », est surnommée « La petite Jérusalem ». Depuis 1160, les juifs y vivent
en paix et en bonne entente avec les chrétiens, dont certains habitent d’ailleurs la juiverie.
Ils résident au cœur de la ville et participent à la vie commerciale.
Au IXe siècle, le quartier juif est connu sous le nom de
« Guardia Judaica ». A partir de 1050 il est appelé la « Juderia ».
En 1230, il est divisé en deux juiveries, celle du roi, et celle
de l'évêque, chacune ayant possédé, à une époque, sa synagogue.
On compte également une boucherie, plusieurs moulins, et
un four communal pour préparer le pain azyme.
Il y avait également un cimetière extra-muros, et certainement
un bain rituel. La renommée de l’école rabbinique est telle
que Benjamin de Tudèle nommera Béziers
la ville « où les sages abondent ».
Cette paix et cette prospérité sont dues à la protection
des Trencavel, vicomtes de Béziers et de Carcassonne,
qui s’appuient sur les juifs pour gouverner la ville,
en nommant parmi eux des « baillis ».
Cet âge d’or prendra fin brutalement en 1209, lors de la Croisade des Albigeois décrétée par le pape Innocent III. Béziers puis Carcassonne tombent aux mains des croisés. 200 juifs périssent
lors du sac de Béziers, mais 200 autres ont quitté la cité, sous la protection du vicomte.
A la chute de Carcassonne entraînant la mort de Trencavel, ils se réfugient en Catalogne,
dans la petite ville d’Olot, à quelques kilomètres de Gérone.
Là, ils refondent une communauté et gravent la dédicace de leur nouvelle synagogue dans une pierre,
en y inscrivant la douleur de l’exil, et la perte de leur ville bien-aimée.
Cette pierre est actuellement exposée au musée-trésor de l’église Sant Estève d’Olot.
Quelques années plus tard, de retour à Béziers, ils érigent une nouvelle synagogue,
dont ils gravent la dédicace sur une seconde pierre. Comme la pierre d'Olot, celle de Béziers évoque
l'exil, la destruction du temple lors du sac de la cité, et sa réédification. C’est la plus belle et la plus grande inscription hébraïque du Moyen âge de France. Elle est actuellement exposée au musée du Biterrois.